La recherche d’emploi est souvent perçue comme un parcours semé d’embûches. Entre CV soignés et lettres de motivation peaufinées, les candidats déploient des trésors d’énergie pour décrocher le poste de leurs rêves. Mais que se passe-t-il lorsque ces efforts sont vains, non par manque de compétences, mais parce que le poste convoité n’existe tout simplement pas ? C’est là qu’intervient le phénomène des offres fantômes, sujet de préoccupation grandissant sur le marché du travail.
Le phénomène des offres fantômes : un mirage sur le marché de l’emploi
Les offres fantômes désignent ces annonces d’emploi pour des postes que l’employeur n’a pas réellement l’intention de pourvoir. Ce phénomène, qui suscite de plus en plus d’interrogations, semble avoir pris de l’ampleur ces dernières années. Mais quelle est la réalité derrière ces postes vacants illusoires ?
Selon une étude menée par Revelio Labs, une entreprise spécialisée dans l’intelligence des ressources humaines, le taux d’embauche par offre d’emploi a chuté de moitié depuis 2019. De son côté, Greenhouse Software, un système de suivi des candidatures, rapporte qu’environ 20% des offres d’emploi n’ont donné lieu à aucune activité de recrutement au cours d’un trimestre donné depuis 2022.
Ces chiffres alarmants soulèvent des questions sur la véracité des offres d’emploi publiées. Certains recruteurs admettent utiliser ces annonces factices pour diverses raisons :
- Maintenir une présence sur les sites d’emploi
- Donner l’impression d’une entreprise en croissance
- Motiver les employés actuels
- Constituer un vivier de talents pour l’avenir
Mais, ces pratiques, si elles sont avérées, peuvent avoir des conséquences néfastes tant pour les candidats que pour les entreprises elles-mêmes.
Réalité ou mythe : décryptage des offres d’emploi trompeuses
La question persiste : les offres fantômes sont-elles une réalité tangible ou simplement un mythe alimenté par la frustration des chercheurs d’emploi ? La vérité se situe probablement dans un entre-deux complexe.
Tim Sackett, expert en ressources humaines et auteur, remet en question la véracité des récits sur les offres fantômes. Il affirme : « Aucune équipe de recrutement ne souhaite publier des offres qui ne sont pas réelles. Il n’y a que des résultats négatifs à agir ainsi. » Selon lui, les offres publiées sont généralement authentiques au moment de leur publication, mais divers facteurs peuvent intervenir par la suite :
- Certains postes sont publiés par obligation, alors qu’un candidat interne est déjà pressenti
- Le recrutement peut être mis en pause sans que l’annonce ne soit retirée
- Des postes peuvent être annulés après leur publication
Brian Fink, partenaire en acquisition de talents chez McAfee, suggère que la prolifération des offres fantômes pourrait être directement liée à la réduction des effectifs dans les équipes de recrutement. « Il y a moins de recruteurs qu’il y a quatre ans et plus de travail à accomplir », explique-t-il.
Facteur | Impact sur les offres d’emploi |
---|---|
Réduction des équipes RH | Augmentation du nombre d’offres non traitées |
Ralentissement économique | Gel des recrutements sans retrait des annonces |
Stratégies de recrutement | Utilisation d’offres « evergreen » pour attirer en continu |
Impact des emplois fictifs sur l’image de marque employeur
Les offres fantômes, qu’elles soient intentionnelles ou non, peuvent considérablement nuire à l’image de marque et à la réputation d’un employeur. Cette pratique risque de dissuader de futurs candidats potentiels.
Fink souligne l’importance de la confiance dans le processus de recrutement : « Publier des offres sans intention d’embaucher érode la confiance. Cette pratique crée des mirages sur le marché du travail, gaspille le temps des candidats et suscite de faux espoirs. »
Les conséquences pour les entreprises peuvent être sévères :
- Détérioration de la réputation commeemployeur
- Perte de candidats qualifiés pour de futures opportunités réelles
- Risque de viralisation de messages négatifs par les candidats déçus
- Diminution de l’engagement des candidats envers la marque
Dans un monde où la marque employeur est cruciale pour attirer les meilleurs talents, les entreprises doivent être particulièrement vigilantes quant à leurs pratiques de recrutement et à la gestion de leurs annonces d’emploi.
Vers une régulation des pratiques de recrutement
Face à la problématique des offres fantômes, certaines plateformes de recrutement commencent à prendre des mesures. LinkedIn, par exemple, a récemment annoncé son intention de lutter contre ce phénomène en mettant en place des mécanismes de signalement pour les utilisateurs.
Mais, il n’existe actuellement aucune législation spécifique interdisant ou réglementant l’utilisation des offres fantômes. Cette pratique, si elle est avérée, se distingue des véritables arnaques à l’emploi, qui elles, visent à dérober des informations personnelles ou à introduire des logiciels malveillants.
Pour améliorer la transparence et l’efficacité du marché de l’emploi, plusieurs pistes pourraient être explorées :
- Mise en place de normes éthiques pour la publication d’offres d’emploi
- Développement d’outils de vérification automatique de l’activité sur les annonces
- Formation des recruteurs aux meilleures pratiques de gestion des offres
- Sensibilisation des candidats aux signaux d’alerte potentiels
En fin de compte, la résolution de la problématique des offres fantômes nécessitera un effort concerté de la part des employeurs, des plateformes de recrutement et des candidats. Une plus grande transparence et une meilleure communication pourraient contribuer à restaurer la confiance dans le processus de recrutement et à améliorer l’expérience de tous les acteurs du marché de l’emploi.